Le végétal, la formation et la motivation !
Lecture et analyse du paysage, applis, world café, quiz et jeux, mini-concours, cours à plusieurs enseignants… Fiona Gramond cherche tous les moyens pour mobiliser l’attention et la participation de ses élèves dans leurs apprentissages des végétaux.
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Passionnée d’enseignement et d’écologie, Fiona Gramond* est aujourd’hui formatrice en aménagements paysagers au CFA-CFPPA de Kerliver, à Hanvec (29). Ses apprentis passent par le centre de formation une ou deux semaines par mois, selon leur diplôme. Alors il faut rendre ces périodes « scolaires » utiles et intéressantes pédagogiquement.
Fiona enseigne tout ce qui se rapporte aux végétaux : la technique, la plantation et la reconnaissance. Toujours en évitant les cours formels : chaque fois que possible, la théorie est remplacée par une approche concrète participative, parfois ludique et/ou pluridisciplinaire.
Plusieurs formateurs, des world cafés…
Par exemple, elle et sa collègue Florence Coste-Sireude intègrent les apports de la documentation-recherche. Selon les sujets, c’est David Moalic qui livre sa passion de l’histoire des jardins ou Hélène Le Roux des notions d’histoire-géographie, pour notamment faire le lien entre les haies bocagères et le remembrement.
Souvent Fiona utilise des pédagogies actives comme « celle du world café, qui permet la participation d’un plus grand nombre. Ce processus reproduit l’ambiance d’un café dans lequel les apprentis débattent d’une question ou d’un sujet en petits groupes autour de tables. À intervalles réguliers, ils changent de table. Les conversations en cours sont alors “fécondées” avec les idées issues des conversations précédentes avec les autres participants. »
Les apprentis sont impliqués, mis en situation et les professeurs accompagnent. C’est aussi l’occasion d’un entraînement à la prise de parole, qui prépare aux oraux des épreuves terminales.
L’analyse du végétal dans le site même
Dans les premiers niveaux (CAPA JP/BPA AP), les travaux pratiques sont réalisés avant les cours théoriques. Chaque phase est prise en photo. Puis, en classe, les élèves recomposent les étapes du TP sous forme de compte rendu de chantier comme, par exemple, une plantation en racine nue, en légendant le matériel ou les EPI (équipements de protection individuelle) utilisés…
« Notre site de Kerliver est labellisé “EcoJardin”, et toutes les formations en paysage ont une approche en écojardinage. Dans ces apprentissages, il n’y a pas que l’ornemental qui est pris en compte. Nous abordons aussi les plantes locales et spontanées. Car, avant tout aménagement, nous devons être capables d’appréhender la flore préexistante du site. Cela passe par la lecture et l’analyse du paysage. D’autant qu’en entreprise il faut se mettre dans le contexte du chantier : matériaux locaux, composition des sols… Et l’examen final du diplôme est basé sur une discussion-évaluation d’un chantier vécu. »
En bac pro, les apprenants viennent pour une grande part de CAPA et ont été le plus souvent des exécutants pendant deux ans : l’écart est grand avec ce nouveau cursus ! Mais la récente réforme permet d’aborder très tôt ces notions globales et donne plus de place à l’agroécologie. « Avec Myriem Roux, animatrice au centre de ressources (CDR) spécialisé, nous leur préparons des approches thématiques, imposées. Ce centre rassemble une belle collection de livres sur le paysage, le maraîchage biologique, la forêt, l’élagage, l’horticulture, la vente… Très tôt dans chaque cycle de formation, dans une démarche professionnelle, nous abordons l’impact plus large du végétal dans un chantier, dans une ville : les îlots de chaleur/fraîcheur, le vivre ensemble dans les parcs urbains… Ce sont de bonnes initiations aux métiers, qui passent mieux par une approche globale et concrète à la fois. »
Quid de la « reco » ?
La reconnaissance des végétaux, si elle n’a généralement plus d’évaluations spécifiquement dédiées dans les référentiels, s’apprend autrement. Surtout, elle reste considérée comme la base des métiers de l’horticulture et du paysage. Alors comment faciliter l’apprentissage par cœur des noms latins ? « Les jeunes retiendront si on leur fait mesurer l’utilité et si on trouve des moyens très concrets. Cela passe par beaucoup de visites, en particulier au jardin Georges Delaselle, dans l’île de Batz, au large de Roscoff (29). Nous bénéficions à Kerliver d’un arboretum-fruticetum et de 4 000 m2 de massifs. Les apprenants peuvent prélever des échantillons afin de composer leur herbier, car il est important de voir et toucher les plantes. D’autres travaillent mieux avec des photos. Par ailleurs, un petit livret a été réalisé par Viviane Guyomard, responsable du domaine, qui présente la collection végétale . »
Fiona utilise aussi l’application Plikers sur son téléphone. Elle distribue aux apprentis des QR-codes qui leur permettent de répondre à des quiz. Les réponses s’affichent instantanément au tableau, ce qui crée une vraie émulation !
Des recherches personnelles viennent compléter les exercices, notamment pour trouver des caractéristiques particulières aux plantes.
En bac pro, le végétal est lié pratiquement à toutes les matières et à toutes les situations. « Je dispose de volumes horaires que je peux organiser à ma façon. Je consacre beaucoup de temps à la “reco” dès la rentrée, et je passe à la technique quelques semaines plus tard. Les élèves doivent mémoriser environ 300 plantes durant les deux ans et ils ont des évaluations toutes les deux semaines, validant un contrôle continu. Il n’y a pas de liste établie. Je me base en partie sur celles des concours de reconnaissance de végétaux et sur les plantes présentes au site de Kerliver. »
La mémorisation qui convient le mieux
Pour se motiver un peu plus, certains participent volontiers aux concours régionaux et nationaux de reconnaissance. Cette année, quatre élèves sur une classe de douze bac pro étaient intéressés par celui organisé le 8 avril à Rennes (35)… Mais ce concours régional a dû être annulé en raison du confinement.
« C’est important de mesurer son niveau. Je préfère qu’ils ne visent pas uniquement une place mais plutôt qu’ils y acquièrent une expérience, qu’ils la vivent comme une belle découverte des métiers et des plantes, estime l’enseignante. Je cherche tous les moyens pour donner envie d’aimer apprendre, à chacun. Dans le but de faciliter les apprentissages, mon souhait a été de comprendre la dynamique d’une classe. Car souvent c’est elle qui contribue à résoudre le problème d’un élève. Par ailleurs, avec Hélène Le Roux, formatrice en socioculturel, dès l’entrée au CAPA, nous réalisons des tests pour aider chacun d’eux à déterminer avec quel type de mémoire il fonctionne (visuelle, auditive…). Il s’agit d’inviter tous les élèves à comprendre le type d’apprentissage qui leur convient le mieux. »
Odile Maillard*Ingénieure de l’INHP d’Angers, elle a travaillé sur divers projets d’aménagements paysagers puis sur des missions d’éducation à l’environnement.
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